Quelles différences entre Red Team et Pentest ?

Mai 28, 2025 | Red Teaming

Le Pentest, ou test d’intrusion, et l’exercice de Red Team, plus global et stratégique, sont deux méthodes qui appartiennent au domaine de la cybersécurité offensive. Elles diffèrent profondément par leur périmètre, leurs objectifs, leur durée, leur technicité et les conditions dans lesquelles elles sont menées.

Objectif du Pentest : identifier et corriger les vulnérabilités techniques

Le test d’intrusion, souvent désigné par l’anglicisme Pentest, est une approche méthodique visant à évaluer la robustesse des systèmes informatiques en identifiant les failles de sécurité techniques. Il s’agit d’une simulation d’attaque contrôlée, menée par des spécialistes, dans le but de détecter des vulnérabilités exploitables au sein d’applications web, d’infrastructures réseau, de systèmes d’exploitation, ou encore d’équipements matériels.

Le Pentest s’apparente à une opération chirurgicale, ciblée, dont la finalité est de reproduire les techniques d’un attaquant réel, mais de manière éthique, encadrée et limitée dans le temps. Ce type de test peut être effectué en boîte noire, où l’auditeur ne dispose d’aucune information préalable, en boîte grise avec un accès partiel, ou en boîte blanche avec une visibilité complète sur les systèmes évalués. La méthodologie utilisée repose généralement sur des normes reconnues comme l’OWASP pour les applications web ou le référentiel PTES pour les tests plus globaux.

Les résultats d’un Pentest donnent lieu à un rapport détaillant les vulnérabilités découvertes, leur niveau de criticité, les scénarios d’exploitation potentiels et les recommandations correctives. Le principal intérêt de cette démarche réside dans sa capacité à corriger rapidement des failles identifiées, avant qu’elles ne soient exploitées par des acteurs malveillants.

La Red Team : une simulation offensive réaliste et multidimensionnelle

À la différence du Pentest, un exercice de Red Team vise à tester les défenses d’une organisation dans leur globalité, sur plusieurs mois, en simulant une attaque réaliste menée par un adversaire déterminé. Cette approche s’inscrit dans une logique de guerre asymétrique, où l’objectif n’est pas simplement de trouver des failles techniques, mais de valider les capacités de détection, de réaction et de coordination des équipes de défense, souvent appelées Blue Team.

L’exercice est souvent conduit à l’insu des équipes opérationnelles de sécurité, pour évaluer leur capacité à repérer et contrer une attaque furtive, comme cela se produirait dans un scénario réel. La Red Team mobilise une diversité de compétences, allant du hacking technique à l’ingénierie sociale, en passant par les intrusions physiques ou les campagnes de phishing sophistiquées. Elle ne s’arrête pas aux serveurs ou aux pare-feux, mais intègre aussi les procédures internes, le facteur humain et les comportements organisationnels.

Un exercice de Red Team couvre ainsi les trois aspects clés de la cybersécurité : l’aspect cyber, avec l’exploitation des vulnérabilités techniques, l’aspect humain, à travers la manipulation des individus et l’analyse des comportements, et l’aspect physique, via des tentatives d’intrusion dans les locaux ou la compromission d’équipements.

L’enjeu est de mener une opération complète, depuis la reconnaissance jusqu’à l’exfiltration de données critiques, sans se faire détecter, dans un laps de temps souvent plus long qu’un Pentest, pouvant aller de plusieurs semaines à plusieurs mois. Ce type de test met en lumière non seulement les points faibles techniques, mais aussi les défauts de coordination, les carences en surveillance ou la faiblesse des protocoles de gestion de crise.

Red team et pentest : durée, profondeur et périmètre d’intervention

Le Pentest se caractérise par une durée courte, généralement de quelques jours à deux semaines, avec un périmètre clairement défini à l’avance. Il peut porter sur une application spécifique, un serveur ou un segment du réseau. Son objectif est de produire un audit ponctuel, utile pour respecter des obligations réglementaires ou pour sécuriser une nouvelle version applicative. L’analyse est souvent guidée par des objectifs techniques précis, avec un rapport de fin contenant une hiérarchisation des risques identifiés.

À l’inverse, une mission de Red Team adopte une approche globale et immersive, sans limitation stricte de vecteurs d’attaque. Elle dure plus longtemps, mobilise une équipe pluridisciplinaire, et ne s’arrête pas au premier succès : elle cherche à simuler une progression continue dans le système, en reproduisant le cycle de vie complet d’une attaque sophistiquée. La Red Team agit dans un cadre plus confidentiel, souvent validé uniquement par la direction générale, pour ne pas biaiser les réactions des équipes défensives.

Deux approches complémentaires

Si le Pentest est essentiel pour identifier rapidement des vulnérabilités exploitables, la Red Team est indispensable pour tester la robustesse réelle d’un dispositif de sécurité en conditions quasi-réelles. Les deux approches ne s’opposent pas mais se complètent, et leur combinaison s’inscrit dans une stratégie de défense en profondeur, capable de s’adapter aux menaces évolutives.

Le Pentest reste l’outil privilégié des équipes techniques pour maintenir un bon niveau d’hygiène numérique, tandis que la Red Team s’adresse à des organisations plus matures, désireuses de tester leurs défenses dans leur ensemble. Dans un contexte où les attaques ciblées deviennent de plus en plus sophistiquées, la compréhension fine des mécanismes offensifs et défensifs est devenue indispensable.

Intégrer ces deux méthodes dans un plan de cybersécurité structuré permet de renforcer la posture globale de sécurité d’une organisation (entreprise, collectivité, association), en anticipant les attaques, en détectant les points faibles invisibles, et en améliorant continuellement les capacités de réaction face à des incidents réels.